Le dol, l’erreur et la violence constituent, en droit des contrats, des vices de consentement conformément à l’article 1130 du Code civil.
Cependant, le dol se distingue des autres vices par sa nature intentionnelle et trompeuse.
Mais qu’est-ce qui distingue le dol des autres vices de consentement ? Comment est-il constitué et quelles sanctions son auteur encourt-il ?
Sommaire
1. Le Dol définition
La définition du dol implique un comportement malhonnête qui conduit l’autre partie (le cocontractant) à conclure le contrat sur la base d’une information erronée, sans un consentement libre et éclairé.
L’article 1116 ancien du Code civil donnait cette définition du dol : « une cause de nullité de la convention lorsque les manœuvres pratiquées par l’une des parties sont telles, qu’il est évident que, sans ces manœuvres, l’autre partie n’aurait pas contracté ».
Constitue également un dol la dissimulation intentionnelle par l’un des contractants d’une information dont il sait le caractère déterminant pour l’autre partie. »
Autrement dit, le dol consiste à vicier le consentement de son cocontractant en mettant en œuvre des pratiques trompeuses. Sans ces manœuvres, il n’aurait pas donné son consentement dans les mêmes conditions.
Exemple concret : Un vendeur d’un bien immobilier cache intentionnellement des défauts majeurs de la propriété (comme des problèmes d’humidité) en les dissimulant sous une couche de peinture fraîche pour tromper l’acheteur potentiel.
2. Les éléments constitutifs du dol
Élément | Description | Exemples |
---|---|---|
Élément matériel | Manœuvres | Mises en scène ou stratagèmes visant à créer une fausse apparence de la réalité. |
Mensonges | Affirmations fausses sur un élément du contrat. Exception : exagérations commerciales acceptables ne constituent pas un dol. | |
Réticence dolosive | Silence intentionnel sur une information cruciale qui aurait empêché l'autre partie de contracter en connaissance de cause. | |
Élément moral | Intention de tromper | Mauvaise foi démontrée par la volonté délibérée de tromper l'autre partie. |
Erreur déterminante | L'erreur induite par le dol doit être décisive, sans laquelle la victime n'aurait pas contracté. |
L’élément matériel
Tel que défini par l’article 1137 du Code civil, le dol est : « le fait pour un contractant d’obtenir le consentement de l’autre par des manœuvres, des mensonges ou la dissimulation intentionnelle par l’un des contractants d’une information dont il sait le caractère déterminant pour l’autre partie. »
L’élément matériel du dol peut ainsi désigner :
- Les manœuvres : des mises en scène ou des stratagèmes qui visent à créer une fausse apparence de la réalité chez le cocontractant.
- Les mensonges : un simple mensonge, même sans l’appui d’actes extérieurs, peut constituer un dol. Ainsi, le dol est caractérisé lorsque le cocontractant formule une affirmation fausse sur un élément du contrat.
- La réticence dolosive : le dol peut être constitué par le silence d’une partie dissimulant au cocontractant un fait qui, s’il avait été connu de lui, l’aurait empêché de contracter. (Cass. 3ème civ. 15/01/1971)
▶La réticence dolosive ne suppose plus l’existence d’une obligation précontractuelle d’information. La jurisprudence « Baldus » est ainsi remise en cause.
L’élément moral du dol
Le dol revêt également un aspect psychologique qui requiert 2 choses :
- L’intention de tromper : le dol est un acte de déloyauté, il suppose la mauvaise foi, c’est-à-dire la volonté délibérée de tromper l’autre partie. La victime doit prouver que le mensonge ou la manœuvre était intentionnel.
Au contraire, un mensonge involontaire du cocontractant ne constitue pas un dol.
- La création d’une erreur déterminante du consentement de la victime : qu’il s’agisse de manœuvres, d’un mensonge ou de réticence dolosive, l’erreur provoquée doit avoir un caractère déterminant du consentement de la victime. Autrement dit, sans cette erreur, la victime n’aurait pas accepté de conclure le contrat..
Des milliers de contenus pédagogiques innovants, des entraînements, JurisAsk (intelligence artificielle) et du tutorat personnalisé, pour t’aider à comprendre le droit, réussir tes TD, tes partiels ou tes concours ✊
3. Les sanctions liées au dol
La preuve du dol doit être apportée par la victime et ce, par tous moyens.
- La nullité du contrat : seule la victime peut agir en nullité du contrat.
On parle de nullité relative parce qu’elle a pour seul objet la sauvegarde d’un intérêt privé. Précisons que cette action en nullité du contrat doit être menée dans un délai de 5 ans à compter de la découverte du dol.
- Le versement de dommages-intérêts : le dol constitue une faute qui peut être réparée par l’octroi de dommages-intérêts sur le fondement de l’article 1240 du Code civil. En effet, puisque l’auteur du dol a commis la faute avant de conclure le contrat, celui-ci engage sa responsabilité délictuelle et non contractuelle.
4. Erreur et dol : quelle différence ?
Bien que l’erreur et le dol soient tous deux des vices du consentement, ils diffèrent par leur nature :
- Dans l’hypothèse de l’erreur classique, dite erreur spontanée, un contractant s’est trompé seul sur le contrat. Au contraire, dans l’hypothèse du dol, dite erreur provoquée, le contractant a été trompé et induit en erreur.
- Le dol relatif à la valeur de la prestation constitue une erreur excusable cause de nullité.
Erreur spontanée sur la valeur :
- Erreur spontanée signifie que vous vous trompez vous-même sur quelque chose, sans que quelqu’un d’autre vous ait influencé ou trompé.
- Par exemple, si vous achetez un objet en pensant qu’il vaut plus cher qu’il ne vaut réellement, mais que personne ne vous a menti à ce sujet, c’est une erreur spontanée.
- Selon l’article 1136 du Code civil, cette erreur ne suffit pas pour annuler le contrat. En d’autres termes, vous ne pouvez pas annuler un contrat simplement parce que vous vous êtes trompé sur la valeur de ce que vous achetez.
Réticence dolosive sur l’estimation de la valeur :
- Réticence dolosive signifie qu’une personne garde intentionnellement le silence sur une information importante pour vous tromper.
- Toutefois, si cette réticence porte uniquement sur l’estimation de la valeur d’une prestation ou d’un bien, cela ne constitue pas un dol.
- Par exemple, si un vendeur sait qu’une œuvre d’art vaut moins que ce que vous croyez, mais ne vous corrige pas, ce silence ne suffit pas à annuler le contrat pour dol.
En résumé :
- Si vous vous trompez vous-même sur la valeur d’un bien (erreur spontanée), cela ne vous permet pas d’annuler le contrat.
- De même, si quelqu’un ne vous dit pas que vous surestimez la valeur d’un bien (réticence dolosive), cela n’est pas considéré comme une tromperie légale (dol) qui pourrait annuler le contrat.
Concept | Définition | Nature de l'erreur | Conséquence |
---|---|---|---|
Dol | Erreur provoquée intentionnellement par une partie | Erreur déterminante | Nullité relative du contrat |
Erreur | Erreur spontanée d'une partie | Erreur excusable | Nullité du contrat sous conditions |
5. Dol et le vice caché : quelle différence ?
La différence entre dol et vice caché est importante dans la mesure où les conséquences juridiques ne sont pas du tout les mêmes.
Au contraire, pour le dol, le propriétaire avait bien connaissance du problème et avait l’intention de tromper son acquéreur pour vendre le bien.
Le vice caché fait également l’objet d’une garantie des vices cachés qui a pour vocation de garantir l’acquéreur des défauts cachés du bien qu’il a acheté et qui le rendent impropre à l’usage destiné ou qui en diminuent grandement l’usage.
- La nullité du contrat de vente : pour le passé et l’avenir
- La diminution de son prix : le calcul est alors déterminé par voie d’expertise. (article 1644 du Code civil)
Concept | Définition | Délai de recours | Sanctions possibles |
---|---|---|---|
Dol | Tromperie intentionnelle par le vendeur | 5 ans à compter de la découverte du dol | Nullité du contrat, dommages-intérêts |
Vice caché | Défaut inconnu du vendeur | 2 ans à compter de la découverte du vice | Remboursement, réduction du prix |
Des milliers de contenus pédagogiques innovants, des entraînements, JurisAsk (intelligence artificielle) et du tutorat personnalisé, pour t’aider à comprendre le droit, réussir tes TD, tes partiels ou tes concours ✊