Considérée à raison comme la sanction la plus grave pour le contrat, la nullité relative ou absolue s’est inscrite comme une notion phare du droit des contrats et ce, bien avant la réforme du 10 février 2016.
Sommaire
1. La nullité du contrat : définition
Quels sont les autres types de sanction du contrat ? 💥
La nullité du contrat, qu’elle soit relative ou absolue, est définie comme la sanction judiciaire d’un manquement à l’une des conditions de validité du contrat.
Lorsque la nullité est établie, le contrat encourt l’anéantissement rétroactif, c’est-à-dire, qu’il est annulé pour l’avenir mais également pour le passé. Concrètement, les parties font comme si le contrat n’avait jamais existé, il est envoyé au néant.
Attention : Il ne faut pas confondre la nullité avec les autres types de sanction du contrat :
• La résolution : alors que la nullité suppose un vice du contrat dès sa conclusion, la résolution intéresse un acte juridique valablement formé qui n’aurait pas été correctement exécuté ou pas exécuté du tout. Nullité et résolution ont des fondements différents mais ont toutes les deux un effet rétroactif.
Ex : la résiliation d’un contrat d’abonnement internet.
Ex : le contrat de bail est caduc si l’appartement loué fait l’objet d’un incendie entrainant sa destruction.
• L’inopposabilité : l’inopposabilité ne remet ni en cause la validité du contrat, ni son efficacité à l’égard des parties. En effet, l’inopposabilité du contrat s’applique uniquement à l’égard des tiers qui peuvent ainsi ignorer le contrat et adopter un comportement qui n’en tiendrait pas compte. Pour les tiers, le contrat n’a jamais existé.
Des milliers de contenus pédagogiques innovants, des entraînements, JurisAsk (intelligence artificielle) et du tutorat personnalisé, pour t’aider à comprendre le droit, réussir tes TD, tes partiels ou tes concours ✊
2. Nullité relative et absolue : quelle différence ?
▶La nullité est relative lorsque la loi violée vise la protection d’un intérêt privé. La nullité relative vise à sanctionner un vice du consentement, un défaut de capacité du contractant ou encore une lésion au contrat.
Malgré une possibilité pour le juge de relever d’office des cas de nullité relative accordée par la jurisprudence de la CJUE (CJCE à l’époque) dans un arrêt du 27 juin 2000 et un arrêt du 4 juin 2009, la Cour de cassation a réaffirmé que seule la personne protégée par la loi violée pouvait agir en justice au titre de la nullité relative. (Cass. 1ère civ. 15/02/2000 – 10/07/2002)
De plus, dans la mesure où la violation est de moindre gravité, la nullité relative peut faire l’objet d’une confirmation. Via cette confirmation de l’acte, la personne protégée peut renoncer à son droit d’action en nullité et admettre que le contrat puisse perdurer malgré la violation d’une obligation. La confirmation n’est pas ouverte à l’action en nullité absolue.
Tu l’auras compris, même si la nullité est de droit, une partie ne peut pas annuler le contrat de sa seule volonté, cette opération requiert l’intervention d’un juge. Néanmoins, les parties sont, par exception, en droit de demander d’un commun accord la nullité conventionnelle du contrat.
Des milliers de contenus pédagogiques innovants, des entraînements, JurisAsk (intelligence artificielle) et du tutorat personnalisé, pour t’aider à comprendre le droit, réussir tes TD, tes partiels ou tes concours ✊
3. Les effets de la nullité relative ou absolue
Les effets de la nullité sur le contrat
On l’a vu, qu’elle soit relative ou absolue, la nullité cause l’anéantissement du contrat tout entier, c’est la nullité totale. Il s’agit de l’hypothèse où les clauses irrégulières constituaient un élément déterminant de l’engagement des parties ou de l’une d’elles (art 1184 du Code civil).
Autrement dit, le contrat doit être annulé dans son intégralité lorsque les parties n’auraient pas contracté en l’absence de ces clauses litigieuses. Ex : le contrat fait l’objet d’un vice du consentement.
À l’inverse, lorsque les clauses litigieuses ne sont pas déterminantes de l’engagement des parties, seules ces dernières encourent la nullité, on dit que les clauses sont réputées non écrites. Dès lors, le contrat est atteint d’une nullité partielle.
Les effets de la nullité entre les parties : les restitutions
Tu l’as compris, la nullité conduit à l’anéantissement rétroactif du contrat qui est donc considéré comme n’ayant jamais existé.
Pour rétablir la situation antérieure au contrat, l’idée est d’annuler tous les effets produits par celui-ci depuis sa création.
Cet objectif de remise en l’état induit de procéder à des restitutions réciproques : chaque partie rend à l’autre ce qu’elle a perçu grâce à la convention.
Concrètement, dans un contrat de vente, la partie qui a reçu de l’argent doit rendre cet argent tandis que l’autre qui s’est procurée le bien doit rendre le bien.
S’il s’avère que le bien a subi des dégradations, la partie en cause doit verser une indemnité afin de compenser la perte de valeur, à moins qu’elle ne soit de bonne foi et que les détériorations ne soient pas dues à sa faute (art 1352-1 du Code civil).
Si des frais ont été engagés pour conserver la chose dans son état initial, la partie qui la restitue peut également exiger un remboursement de la part du cocontractant.
Enfin, lorsque la restitution en nature est impossible, la restitution doit se faire en valeur, la valeur étant déterminée par le juge. Cette hypothèse concerne notamment les contrats de prestations de services.
Par conséquent, le locataire pourra verser au bailleur une indemnité calculée par le juge pour compenser cette jouissance du bien (art 1352-3 du Code civil).
Les effets de la nullité à l’égard des tiers
La nullité du contrat entre les parties induit un effet domino à l’égard des tiers puisque selon un célèbre adage : « Nul ne peut transmettre plus de droits qu’il n’en a ».
Et là, coup de théâtre, le premier contrat de vente est annulé pour vice de consentement, il n’a donc jamais existé.
Dans cette hypothèse, l’acquéreur initial (revendeur) a revendu une voiture dont il n’avait au final jamais obtenu la propriété. Dès lors, il n’a pas pu en transmettre valablement la propriété de la voiture au tiers qui n’aurait aucun droit.
C’est d’autant plus injuste dans la mesure où le tiers est de bonne foi et qu’il ignore la cause initiale de la nullité.
En d’autres termes, le tiers sous-acquéreur de notre exemple peut invoquer cette règle pour conserver son droit de propriété malgré la nullité du contrat initial.
• La prescription acquisitive immobilière : les articles 2272 et suivants du Code civil prévoient que le possesseur d’un immeuble en devient propriétaire au bout d’un délai de 10 ans s’il est de bonne foi ou d’un délai de 30 ans s’il est de mauvaise foi. La bonne foi étant présumée, c’est à celui qui allègue la mauvaise foi de la prouver.
Avec JurisLogic, aborde en profondeur toutes les notions liées au droit des contrats. Sur notre plateforme, retrouve des cours optimisés dans plus de 25 matières du droit, des fiches de révision et même des résumés vidéos 😏
Besoin d'améliorer tes notes en droit des contrats ? Découvre JurisLogic.
La licence de droit n’est pas un long fleuve tranquille mais rien ne t’empêche d’apprendre le rafting.
Chez JurisLogic, le droit, on en a fait de l’eau.