Cette irrecevabilité de l’action résulte d’une fin de non-recevoir prononcée par le juge.
Sommaire
1. Fin de non-recevoir : définition et effets
2. Les conditions de mise en œuvre de la fin de non-recevoir
▶ Un défaut d’intérêt ou de qualité à agir : tu connais sans doute ce vieux dicton : « Pas de bras, pas de chocolat ». En procédure civile, on réfléchit de la même manière : « Pas d’intérêt pas d’action ». Pour agir en justice, le requérant doit démontrer un intérêt né, actuel et personnel, un intérêt seulement éventuel n’est pas suffisant.
▶ L’autorité de la chose jugée : c’est l’impossibilité de revenir judiciairement sur un fait ayant fait l’objet d’une décision de justice définitive. Un même litige avec les mêmes parties, un objet identique et un fondement similaire ne peut pas de nouveau être soumis au juge. Ce principe est gage de stabilité et de sécurité juridique pour les parties.
C’est le même raisonnement en matière pénale, le principe « non bis in idem » indique que l’auteur d’une infraction ne peut pas être jugé deux fois pour les mêmes faits.
▶ L’écoulement d’un délai de prescription ou préfix : après une certaine durée, le droit d’agir en justice ou d’accomplir un acte de procédure expire et s’éteint, il s’agit de la prescription ou de la forclusion.
Toutefois, cette liste n’est pas exhaustive, la fin de non-recevoir peut être étendue à d’autres hypothèses.
Ainsi, si l’une des parties intentait une action sans tenir compte de la clause, cette action serait visée par une fin de non-recevoir et déclarée irrecevable.
(Cass. mix. 14/02/2003)
Comme une défense au fond, la fin de non-recevoir peut être soulevée en tout état de cause, c’est-à-dire, à n’importe quel moment de la procédure, même en appel. (Articles 72 et 123 du Code de procédure civile)
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3. L’auteur de la fin de non-recevoir
En tant que moyen de défense, la fin de non-recevoir peut être soulevée par tout justiciable, demandeur ou défendeur, sans qu’il ait besoin de se prévaloir d’un grief. (Article 124 du Code de procédure civile)
La fin de non-recevoir peut également être relevée d’office par le juge lorsqu’elle résulte d’un défaut d’intérêt, du défaut de qualité ou de la chose jugée (art 125 CPC).
Cette faculté se transforme en obligation pour le juge lorsque la fin de non-recevoir est d’ordre public, c’est-à-dire, en cas d’inobservation des délais de recours ou en l’absence d’ouverture d’une voie de recours.
Depuis le 1er janvier 2020, seul le juge de la mise en état est compétent pour statuer sur les fins de non-recevoir. (Article 789 du Code de procédure civile)
À l’origine, le juge de la mise en état ou conseiller de la mise en état (en appel) s’occupe de la mise au rôle pour toutes les procédures de droit commun.
Lorsque l’affaire est en état (d’où son nom), le juge prononce une ordonnance de clôture.
Certains auteurs ont qualifié cette prérogative de « super pouvoir » puisqu’initialement seuls les juges du fond étaient compétents pour statuer sur la recevabilité des demandes et donc, sur les fins de non-recevoir.
Néanmoins, cette prérogative est écartée lorsque l’affaire ne relève pas du juge unique ou lorsqu’elle ne lui est pas attribuée. Ainsi, une partie peut s’opposer à ce que le juge de la mise en état statue sur la fin de non-recevoir et demander à ce que la question soit renvoyée devant les juges du fond.
4. Différence entre fin de non-recevoir et exception de procédure
Autre différence : l’exception de procédure doit être invoquée in limine litis, c’est-à-dire, au tout début du procès, avant toute défense au fond. On l’a évoqué plus haut, la fin de non-recevoir peut être invoquée en tout état de cause. Il n’y a pas de fin de non-recevoir in limine litis.
5. Régularisation et voie de recours
Cette solution parait tout à fait logique dans la mesure où l’on imagine mal deux parties s’entendre d’un commun accord en conciliation après être entrées en procédure devant le tribunal.
En principe, le jugement qui statue sur une fin de non-recevoir et met fin à l’instance peut être frappé d’appel (article 544 CPC) ou de pourvoi en cassation (article 607 CPC).
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